Cessez de dire à votre enfant de ne pas avoir peur!
Avec la rentrée scolaire qui arrive à grand pas, de nombreux enfants rapportent des peurs. Ces peurs peuvent entraîner toutes sortes de réactions : maux de ventre, maux de cœur, irritabilité, insécurité (ex. : pose beaucoup de questions, ou les mêmes en boucle), confrontation, agitation, difficulté à dormir, réveils fréquents, etc.
Parfois, ils nous l’expriment directement alors que, d’autres fois, ils le font maladroitement :
? « J’ai peur de ne pas être dans la même classe que mon amie. »
? « Je ne veux pas recommencer l’école, je n’aime pas ça! »
?♀️ « Qui va m’accompagner la première journée d’école? Je ne veux pas que tu partes. Je veux que tu restes toute la journée avec moi. »
? « Peux-tu dormir avec moi ce soir? »
QUOI FAIRE LORSQUE L’ENFANT VIT DE LA PEUR ?
La peur est une émotion normale. La peur est nécessaire. Elle nous indique qu’une situation nous menace ou encore qu’elle peut nous blesser. Elle permet d’activer en nous les ressources pour se mobiliser, bien que parfois elle éveille plutôt des mécanismes de défense pour se protéger.
Dire à l’enfant de ne pas avoir peur, tenter de le distraire de son émotion, nier cette émotion ou même la minimiser le prive d’une belle occasion de développer ses ressources personnelles. Elle renforce sa capacité à se couper de son émotion et diminue, petit à petit, la confiance qu’il a en ses capacités à reconnaître et gérer ses émotions.
Devant la réaction de peur de l’enfant, plusieurs adultes ont eux-mêmes peur : peur que cette peur devienne trop grande, peur de ne pas être capable d’aider l’enfant à bien la gérer, peur que la situation vire en crise ou même en chaos, peur de se sentir impuissant, peur de ne pas savoir quoi lui dire pour le rassurer, peur que cette peur devienne récurrente, peur de ne pas savoir aider son enfant alors qu’on devrait savoir le faire, peur …
❌ Devant l’enfant qui a peur, ne tentez pas de lui trouver toutes sortes de raisons de ne pas avoir peur. Ne banalisez pas la situation pour le rassurer. Ne tournez pas la situation au ridicule pour le faire rire. Ne le comparez pas à d’autres enfant qui, eux, ne réagissent pas comme lui. Ne faites pas référence aux comportements de « bébé ». Ne le chicanez pas. Ne le punissez pas.
? Respectez son émotion. Accueillez et entendez cette peur, simplement. L’enfant en a besoin, pour en faire de même à son tour.
? Pour réussir à gérer une émotion, il faut savoir la reconnaître, l’accepter et l’accueillir.
? Pour réussir à gérer ses émotions, l’enfant a besoin de l’adulte. Il a besoin de sécurité. Il a besoin de se sentir entendu et reconnu dans ce qu’il est et dans ce qu’il vit.
POURQUOI SES PEURS SONT PARFOIS DÉMESURÉES ?
? Le cerveau de l’enfant est immature. Lorsqu’il ressent une émotion de peur, de tristesse, de colère, etc., elle en vient à prendre toute la place. Pour l’adulte, cela paraît exagéré alors que pour l’enfant c’est une vraie tempête émotionnelle.
?️ Il est, à ce moment, réellement incapable de « raisonner », d’utiliser les trucs de sa boite à outils ou même de se calmer lorsqu’on lui demande (ou exige!). Son cerveau n’en est pas encore capable, il n’est pas assez mature. Il a BESOIN de la présence rassurante de l’adulte pour se calmer et développer ses ressources.
? 5 ÉTAPES SIMPLES POUR ACCOMPAGNER L’ENFANT ?
? Lorsque l’enfant vous dit qu’il a peur, il vous dit bien plus que ça. Il vous dit qu’il a besoin d’être rassuré et qu’il a besoin de vous.
Pour lui venir en aide :
1️⃣ Valider son émotion, reflétez l’émotion que vous percevez.
Ex. : « Est-ce que tu es inquiet? Est-ce que ça te fait peur de retourner à l’école sans savoir qui sera dans ta classe? »
2️⃣ Reflétez ce que son corps vous dit, les comportements qu’il adopte pour faire entendre son besoin.
Ex. : « Lorsque tu me poses plusieurs fois les mêmes questions, je crois que tu es inquiet. », « Lorsque tu tardes à t’endormir et que tu m’appelles plusieurs fois, ça me laisse croire que tu ne te sens pas bien. Je me trompe? »
3️⃣ Normalisez son émotion.
Toutes les émotions sont normales et acceptables. Pour accepter de ressentir son émotion, l’enfant doit s’en sentir autorisé.
Ex. : « C’est normal d’être inquiet quelques jours avant la rentrée scolaire. Plusieurs enfants le sont, tout comme toi. Lorsque j’étais enfant, j’avais mal au ventre à chaque veille de rentrée scolaire. »
4️⃣ Aidez l’enfant à identifier une ou deux stratégies pour se sentir mieux.
Il est très aidant de l’aider à se connecter à son corps, à vivre le moment présent. Utilisez ses 5 sens pour vous y aider (musique, plume pour chatouiller son dos, huile essentielle, boire de l’eau, faire un massage, câlins, etc.).
5️⃣ Valorisez les efforts qu’il fait pour prendre soin de lui.
Cela est très exigeant de se mobiliser pour tenter de gérer son émotion. D’ailleurs, cela l’aidera à prendre conscience de sa capacité à prendre soin de lui, ce qui augmentera sa confiance en lui.
Texte par Caroline Quarré, intervenante psychosociale (B.Sc.), conférencière et propriétaire de Service psychosocial Pas-à-Pas