Une erreur que plusieurs font…
Ce que je croyais être « une petite vidéo et réflexion du matin sur les attentes envers nos jeunes» s’avère beaucoup plus grand au fond. Dans cette infolettre, je vous parle de cœur à cœur sur l’importance des relations, notamment de notre relation à nous-mêmes. Avec beaucoup d’amour, je te souhaite une bonne lecture.
Ce matin, j’ai partagé une vidéo sur les réseaux sociaux où je vous raconte une erreur que j’ai commise et le parallèle que j’en tire avec nos attentes envers les jeunes. C’est une erreur que je vois souvent, que ce soit dans les familles, les écoles, les garderies… en fait, dans toutes les relations, qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes.
Pour visionner ma vidéo sur YouTube, c’est ici : https://youtu.be/3c9YMuDGG6M
L’erreur en question
Ce matin, en me préparant pour aller reconduire mes enfants à l’école, j’ai enfilé machinalement les mêmes vêtements d’extérieur que la veille, sans réfléchir. Sauf qu’hier, il faisait -1°C… et ce matin, il faisait -11°C !
Comme vous pouvez l’imaginer, j’ai eu TRÈS froid avec mes petites bottes, mon manteau de printemps et mes gants de course.
De retour dans la voiture, une réflexion m’a frappée : « Ben voyons, pourquoi tu n’as pas regardé la température ? Évidemment que tu as froid, on GÈLE ! »
Et c’est là que j’ai fait le parallèle avec l’éducation et nos attentes envers les jeunes. Parce que cette erreur – répéter un comportement sans l’adapter aux conditions du moment – est extrêmement courante.
L’erreur ici, c’est de s’attendre au même résultat en reproduisant un comportement qui ne tient pas compte du contexte. En d’autres mots, c’est le fait de ne pas évaluer les conditions avant d’agir.
Les conséquences à cette erreur
Ma conséquence du jour est simple : j’ai eu froid, et mon déplacement a été désagréable. Demain, je prendrai le temps de consulter la météo avant de choisir mes vêtements.
Mais dans nos relations interpersonnelles, les conséquences peuvent être bien plus frustrantes.
Combien de fois ai-je entendu des parents me dire :
- « Pourtant, ça marchait avant. Pourquoi ça ne marche plus ?»
- « Voyons, ça fonctionne tout le temps avec son frère et sa sœur. Pourquoi lui s’obstine à ne pas faire ce qu’on lui demande ?»
- « Ça fonctionne chez moi, je ne vois pas pourquoi ça ne fonctionnerait pas chez le père/la mère.» (exemple de parents séparés)
Et du côté du personnel scolaire, surtout avant la relâche ou les vacances des Fêtes :
- « Ça n’a pas d’allure, le nombre de chicanes dans la cour d’école à ce temps-ci de l’année. Il faut qu’on commence à être plus sévères pour qu’ils comprennent que ces comportements sont inacceptables.»
- « Les jeunes ont de la difficulté à se concentrer ces temps-ci. Ils travaillent moins bien et ce n’est pas plaisant d’enseigner.»
Dans toutes ces situations, on s’attend à obtenir un résultat précis en répétant la même approche, sans ajuster nos actions aux conditions du moment.
Tenir compte des conditions, c’est essentiel!
Les comportements « difficiles » ne surgissent pas dans le vide. Ils sont l’expression d’un besoin non répondu et d’habiletés manquantes. Ils ont une fonction et cette fonction n’est pas « de vous déranger » (même si trop souvent, à première vue, ça a l’air de ça).
De nombreux facteurs influencent la façon dont un enfant (ou un adulte !) réagit à une demande ou à une situation :
- Le niveau de fatigue
- La faim (elle affecte la gestion des émotions, l’attention, la patience, la disponibilité aux apprentissages, etc.)
- Le niveau de stress
- Les événements récents (dans la journée, la semaine…)
- Le niveau de stimulation dans l’environnement (une surcharge sensorielle affecte le bien-être et le fonctionnement)
- Les éléments de stress de la journée (nouveauté, imprévu, changement…)
- L’accumulation des activités (même si elles sont amusantes, trop, c’est trop !)
- Le moment de la journée (l’énergie fluctue et influence le fonctionnement)
- La disponibilité et l’état émotionnel de l’adulte (un facteur clé souvent sous-estimé)
- Et bien d’autres…
Si tu dois miser sur une seule condition, voici ma suggestion.
Tu peux bien être attentif à toutes les conditions qui entourent un enfant, mais si toi-même, tu n’es pas disponible et disposé à l’accueillir et l’accompagner, surtout lorsqu’il traverse une difficulté, même les meilleures stratégies ne fonctionneront pas. Du moins, elles ne tiendront pas sur le long terme.
Et je te le dis avec toute la douceur du monde : c’est normal.
C’est un défi pour tout le monde, moi y compris. Peu importe mes connaissances et mon expérience, mes interactions avec mes enfants sont avant tout influencées par mon état émotionnel et—surtout—par ma capacité à en être consciente.
Par où commencer ?
Avant même de chercher quoi faire pour améliorer ta disponibilité auprès de ton enfant ou du jeune que tu accompagnes, la première étape est d’observer ton propre état. Prends un instant pour te poser ces questions :
- Quel est ton niveau d’énergie des dernières semaines ? (Pas juste des derniers jours.)
- Quel est ton niveau de stress récemment ? (Encore une fois, regarde la tendance sur plusieurs semaines.)
- Comment va ton sommeil ? (Qualité, quantité…)
- À quelle vitesse ton petit hamster tourne-t-il dans ta tête ? Est-il en mode « course folle » ou repose-t-il tranquillement dans son nid ?
- Quelles sont tes préoccupations actuelles ? Celles des derniers jours, des dernières semaines ?
- Comment va ta charge mentale ? As-tu souvent l’impression de courir après ta queue, de tout faire et de ne rien faire à la fois, d’enchaîner les tâches sans jamais voir la pile diminuer ?
Pourquoi c’est important ?
Même lorsqu’on fait tout ton possible pour cacher notre état, il transpire dans nos interactions et dans nos relations.
Nous sommes tous connectés les uns aux autres. Les jeunes, eux, le ressentent encore plus parce qu’ils dépendent de nous. Parce qu’ils ont profondément besoin de nous.
Ils ne se contentent pas d’observer : ils s’ajustent à nous. Certains réprimeront leurs besoins pour nous laisser l’espace de souffler avec l’espoir inconscient qu’on aille suffisamment bien pour pouvoir continuer de prendre soin d’eux. D’autres, au contraire, crieront fort « J’existe, prends soin de moi ! » à travers des comportements qui peuvent sembler difficiles et qui mobiliseront inévitablement notre temps, notre attention et nos ressources.
Prendre conscience pour mieux ajuster
Observer son propre état, c’est se regarder aller avec douceur et bienveillance. C’est comprendre ce qui se joue en nous, pour mieux comprendre ce qui se joue chez l’enfant et dans nos interactions avec lui.
Observer son état, c’est se donner la possibilité d’intervenir autrement, avec des stratégies qui ne viennent pas d’un automatisme, mais d’une véritable présence à l’autre.
Et ça, c’est un cadeau. 💛
En guise de conclusion…
Prendre soin de soi, c’est aussi prendre soin des autres.
Alors que la semaine de relâche débute pour plusieurs, c’est un bon moment pour ralentir et se ressourcer. Cette pause est là pour recharger nos batteries, et même si c’est tentant de planifier mille et une activités amusantes pour les enfants, ils ont aussi besoin de repos.
Tout comme nous, ils ont besoin de temps pour souffler, pour ne rien faire, pour simplement exister sans stimulation constante.
Et nous, adultes, avons-nous pris conscience de notre propre besoin de relâche ?
Peut-être que cette semaine est l’occasion de choisir nos activités en toute conscience, de nous accorder des moments de pause sans culpabilité, et d’observer comment nous nous sentons dans ce rythme un peu plus lent.
💛 Parce que s’ajuster à soi, c’est aussi s’ajuster aux autres.
Merci d’avoir pris le temps de me lire. Je te souhaite une relâche douce et ressourçante, à ton rythme.
À bientôt,
Caroline
Texte par Caroline Quarré, intervenante psychosociale (B.Sc.), conférencière et propriétaire de Service psychosocial Pas-à-Pas