Le jeu de la marmotte
T'arrive-t-il de confondre ton enfant avec le jeu de la marmotte?
Il y a déjà quelques années, je publiais un article sur le jeu de la marmotte qui est encore d’actualité aujourd’hui.
Le connaissez-vous ce jeu d’arcade de la marmotte? Le but est de lui taper sur la tête avec un gros marteau.
J’adore ce jeu. Ça teste nos réflexes en titi. Même si j’aime ça, ça me rend nerveuse à tout coup.
Bien placé, le coup permet de retourner la marmotte dans son trou. 2-3 secondes après, elle ressort ailleurs. On s’empresse de renvoyer un autre coup de marteau. On devient hypervigilant. On lui tape sur la tête de plus en plus vite, sans réfléchir. Et, même si ce n’est pas nécessaire, on lui tape de plus en plus fort dessus. On veut être certain de ne pas la manquer.
C’est très amusant …sauf quand on joue à ça à la maison, à l’école ou à la garderie avec nos jeunes.
Il est très fréquent de voir des parents et intervenants intervenir sur les manifestations des jeunes de façon similaire au jeu de la marmotte :
- intervenir de plus en plus vite ;
- intervenir de plus en plus « fort ».
Seulement, nos enfants ne sont pas de petites marmottes …
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Ces dernières semaines, plusieurs parents, enseignants et éducateurs me partagent vivre du découragement en lien avec des comportements difficiles à la hausse chez leur enfant ou celui qu’ils accompagnent.
Les manifestations peuvent prendre différentes formes : opposition, confrontation, crises de colère et de larmes, difficultés à respecter les consignes, augmentation des conflits avec les pairs et dans la fratrie, difficulté d’attention et de concentration, agressivité (mordre, pousser, frapper, casser des objets, etc.), autres.
On me pose régulièrement la question suivante : « Pourquoi ces comportements difficiles sont en hausse chez mon enfant ou mon élève ? ». Plusieurs causes peuvent expliquer ces comportements :
- Niveau de stress élevé chez l’enfant, ce qui déclenche des mécanismes de défense tels que l’attaque, la fuite ou l’immobilisation.
- Niveau de stress élevé chez l’adulte qui prend soin de l’enfant (parent, éducateur, enseignant …) ce qui peut entraîner chez l’adulte plus de tensions, une baisse de disponibilité, moins de tolérance et d’indulgence, un besoin de distance, etc. L’enfant est une éponge à émotions, rappelons-le!
- Besoins non comblés chez l’enfant (ex. : attention, valorisation, reconnaissance, lien, sécurité, etc.)
- Changements dans la routine (ex. : l’enfant fréquente le service de garde plus longtemps qu’à l’habitude, il fait l’école à la maison, isolement pour quelques jours, il est moins en contact avec ses amis pendant une période, son heure de coucher est retardée, ses activités parascolaires changent ou cessent, etc.)
- Nouveauté (ex. : déménagement, séparation des parents, nouvel enseignant ou éducateur, arrivée d’un bébé dans la famille, nouvel emploi du parent, etc.)
- Enjeux affectifs (ex : anxiété, difficulté à reconnaître/exprimer ses émotions, carences affectives, etc.)
- Difficultés spécifiques (ex. : difficultés langagières, attentionnelles, développementales, etc.)
- Autres.
Lorsque ces réactions et comportements surviennent et perdurent dans le temps, il est nécessaire d’adresser la cause, la source, et non les manifestations. Sans quoi, on joue au jeu de la marmotte.
Marteler le comportement, chercher à « casser le comportement », augmenter l’intensité des interventions ou encore ajouter sans cesse des conséquences n’est pas efficace. Ces interventions n’agissent pas sur la cause, la source, mais sur les manifestations.
Si on agit de sorte à freiner leur expression, ça va peut-être se résorber (temporairement du moins), mais ça risque fort bien de se manifester autrement (et plus intensément!).
Pour vous aider à comprendre la source des comportements de nos jeunes, je vous propose une visioconférence présentée sur Zoom le 14 juin prochain (à écouter en direct et/ou en rediffusion pendant 3 mois) .